Crise sanitaire et économique : le gouvernement et la filière mobilisés pour accompagner et soutenir le secteur de la musique live

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Crowd surfing during a musical performance

L’action du Gouvernement combinée à la contribution de plusieurs acteurs de la filière musicale forme un début de réponse à la crise actuelle. Les mesures annoncées pour les entreprises par les Ministres de l’Économie et du Travail concernent également le secteur de la musique. D’autres, articulées par le CNM, lui sont spécifiques. En parallèle, des solutions et initiatives complémentaires, assorties de moyens et d’efficience, sont attendues pour agrémenter le soutien au secteur et accompagner les professions et les modèles économiques dans leur diversité.  

La branche du live est la première touchée par la crise sanitaire qui porte un coup d’arrêt à l’économie de la musique. Face à l’urgence à laquelle sont confrontées les entreprises et leurs salariés suite à l’annulation des concerts et festivals, un plan de secours de 11,5 millions d’euros est déployé depuis le 23 mars par le Centre National de la Musique. Composé de 10 millions d’euros de « ressources propres » et d’une contribution de 500 000 euros de la Sacem, de l’Adami et de la Spedidam, l’aide plafonnée à 11 500 euros bénéficiera au maximum à un millier de structures. L’objectif est de soutenir les TPE et PME confrontées à des problèmes de trésorerie suite à une perte de chiffre d’affaires. Les pertes sont colossales pour le spectacle musical et de variétés. Dans une note de synthèse, le cabinet EY estime les pertes de chiffres d’affaires à 590 millions d’euros, dont 477 millions d’euros rien que pour les structures adhérentes du PRODISS, et ce pour la seule période du 1er mars au 31 mai. Une évaluation auprès des structures a été réalisée entre le 10 et le 13 mars. Les montants avancés comprennent les recettes de billetterie, des contrats de cession, des locations de salles, du sponsoring ou encore de la restauration. Le segment de la billetterie représente près de 150 millions d’euros de pertes pour les structures adhérentes du PRODISS. « Les entreprises du spectacle vivant privé, comme des milliers d’entreprises en France dans tous les secteurs de l’économie, sont confrontées aujourd’hui à des conséquences d’une ampleur inédite » précise le premier syndicat d’employeurs du secteur.

38 000 professionnels du spectacle impactés dont 8 500 emplois permanents

L’arrêt forcé de l’activité du secteur impacte les structures, leurs salariés et les intermittents. La faible marge nette des entreprises du secteur de la musique live, environ 1,5%, ne leur permet pas de disposer d’une trésorerie suffisante pour encaisser un tel manque à gagner. Ce ne sont pas moins de 37 900 professionnels du spectacle, dont 20 400 artistes et techniciens en CDD d’usage, qui voient leur activité impactée selon les indicateurs de la note d’EY pour le PRODISS. Pour soutenir les intermittents de facto au chômage forcé, le Gouvernement a fait savoir que la période du 15 mars jusqu’à la fin du confinement serait neutralisée dans le calcul des indemnités. Concernant l’impact sur les emplois permanents, EY évalue leur nombre à 8 500. Pour accompagner les entreprises, le Gouvernement a annoncé la mise en place d’un système de chômage partiel. « Compte tenu de l’effet boule de neige sur l’économie, le chômage partiel est ouvert à toutes les entreprises, de toutes tailles et dans tous les secteurs » a précisé Muriel Pénicaud, Ministre du Travail, en conférence de presse le 23 mars. Plus de 100 000 entreprises en ont fait la demande d’après les statistiques du Ministère du Travail. La part des entreprises du secteur de la musique n’est pas encore connue. Le Ministre de l’Économie a pour sa part indiqué que le secteur des loisirs, comprenant donc le secteur de la musique live, est confronté à une baisse de 90 à 100% en termes de chiffre d’affaires. « Le dispositif de chômage partiel fait partie de la stratégie de réponse économique que nous déployons et qui vise à protéger les salariés et leurs compétences, et à éviter les licenciements de masse. Cette dépense publique est un investissement sur les compétences et le savoir-faire des salariés qui font tourner l’économie » a déclaré Bruno Lemaire. Parmi les dispositions annoncées par le Gouvernement à destination des entreprises de tous les secteurs, figure aussi la création d’un fonds de solidarité à hauteur d’1 milliard d’euros. Les TPE réalisant moins d’1 million d’euros de chiffre d’affaires, et ayant enregistré une baisse de 70% de leur chiffre d’affaires en mars 2020 par rapport à l’année précédente, bénéficieront d’une aide défiscalisée de 1 500 euros. Autres mesures, la suspension du paiement des cotisations sociales et des impôts dus au mois de mars ainsi que l’accélération du remboursement des créances liées aux crédits d’impôts dédiés aux producteurs de la musique enregistrée et aux producteurs de live. Et en parallèle du plan de secours de 11,5 millions d’euros, le Centre National de la Musique a indiqué la suspension de l’encaissement et du recouvrement de la taxe sur la billetterie.

Absence de visibilité

20 000 dates de spectacles pourraient être impactées sur la période allant du 1er mars au 31 mai selon l’évaluation réalisée par EY. Environ 1 700 spectacles et tournées à part entière sont concernées. Et les nombreux reports annoncés ne devraient pas permettre de compenser entièrement les pertes en termes de chiffre d’affaires. A la forte concurrence entre les spectacles reprogrammés l’automne s’ajoute celle avec les dates initialement prévues à cette période. Mais aussi, l’incertitude de réaliser des ventes de billets équivalentes ou suffisantes, notamment en raison de l’impact à venir de la crise économique sur le pouvoir d’achat des consommateurs. En étant indemnisés à hauteur de 80% par le dispositif de chômage partiel, les salariés seront de facto privés de 20%de leurs salaires. Enfin, certaines pertes des entreprises du spectacle sont considérées comme étant des pertes sèches du fait de dépenses irrécupérables, comme les frais avancés. Et un certain nombre de spectacles annulés, estimés par EY à 8%, ne seraient pas couverts par les assurances. Autre facteur non des moindres, l’absence de visibilité pour les entreprises du secteur de la musique live sur la période estivale étant donné la période de confinement et les indicateurs de la crise sanitaire.

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