La feuille de route du Centre national de la musique pour accompagner la reprise et la relance du secteur

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2020 est le commencement d’une nouvelle-ère pour la filière musicale. Les annonces du Gouvernement ont décuplé une ambition politique et économique longtemps revendiquée par l’État pour le secteur depuis 40 ans, et qui s’était concrétisée par la création du CNM. Les attentes des professionnels, notamment de la musique live, sont aussi importantes que les répercussions de la crise pour les structures, professionnels, et artistes en termes de revenus, d’emplois, de projets. Pour y répondre, et accompagner la reprise, le Président du Centre national de la musique déploie avec ses équipes une stratégie avec pour grands objectifs la sauvegarde, l’intérêt général, la reprise, et la relance.

La crise confère tout son sens au CNM en tant que « maison commune » de la musique. Mentionnée dès 2016 dans le rapport confié à Jules Frutos (Alias Production) par le PRODISS, la qualification de « maison commune » n’avait pas été choisie au hasard par les professionnels. L’interdépendance des métiers et la nécessité d’harmoniser le soutien et l’accompagnement des principales activités (production, création, diffusion, édition) composant le secteur, avant de le décupler, étaient parmi les raisons majeures. Depuis le début de la crise sanitaire et économique, le Centre national de la musique est pleinement investi dans ses missions d’accompagnement et de soutien au secteur. Le Gouvernement lui en a donné les moyens. Plus de 1 000 structures ont bénéficié de 17 millions d’euros d’aides dans le cadre du plan de secours, financé sur le budget de la première année de l’établissement public. L’enveloppe de 50 millions d’euros annoncée par le Président de la République en mai dernier a ensuite permis de mettre en place un deuxième « fonds de sauvegarde » à hauteur de 16 millions d’euros. Autre mécanisme destiné à favoriser et impulser la reprise, le fonds de compensation des pertes de billetterie (100 M€ pour l’ensemble du secteur du spectacle, cinéma, théâtre compris) annoncé par le Premier Ministre dans le cadre du plan de relance. Administré par le Centre national de la musique, le fonds d’un montant de 40 millions d’euros permettra d’amortir les pertes enregistrées par les producteurs en raison des contraintes sanitaires jusqu’à 60 points de jauge, pour les concerts dont la commercialisation des billets aurait lieu entre octobre et décembre 2020. Le mécanisme de compensation des pertes est la composante majeure du fonds de sauvegarde rendu opérationnel par le CNM depuis le 1er octobre, d’un montant global de 44 millions d’euros. « La création d’un établissement public pour le secteur de la musique marque un engagement extrêmement fort des pouvoirs publics. Nous arriverons ainsi à plus de 100 millions d’euros d’ici fin 2020 pour, d’une part, sauvegarder et, d’autre part, relancer ce qui peut l’être dans ces conditions très difficiles. A ce stade je n’ai pas connaissance de faillites et c’est un objectif que nous devons garder » s’est félicité Jean-Philippe Thiellay, Président du CNM, à l’Assemblée Générale du PRODISS.

170 millions d’euros en 2021

Le Centre national de la musique veut jouer un rôle central dans la relance en 2021. Une exigence pour être en mesure de répondre aux enjeux, défis et transformations qui challengent le secteur et sont maintenant décuplés par la crise sanitaire et économique. L’annonce de 210 millions d’euros affectés au CNM par le Premier Ministre a ainsi entériné l’ambition politique pour la musique dans le plan de relance. Saluée à l’unanimité, elle a cependant levé des inquiétudes, voire des réticences, d’une partie des professionnels quant à sa ventilation. Les intérêts des acteurs de la filière étant par nature divergents, leurs positions divergent. Les producteurs, diffuseurs, gérants de salles et organisateurs de festivals réunis au sein du PRODISS ont d’entrée plaidé pour que les aides soient massivement fléchées vers leurs activités vu les pertes engendrées. Lors d’une déclaration à l’AG du PRODISS, Jean-Noël Tronc, Directeur Général de la Sacem, a fait savoir que les auteurs, compositeurs, éditeurs de musique auraient besoin d’aide en raison de 300 millions de pertes de collectes attendues au titre de l’année 2020. Soit 185 millions d’euros de droits d’auteur en moins pour les créateurs et éditeurs français. La conciliation des intérêts étant de rigueur pour la « maison commune » de la musique, le Président du CNM a annoncé qu’une concertation allait s’engager, notamment au sein du Conseil professionnel de l’établissement, concernant la ventilation des 200 millions d’euros. Les acteurs de la filière s’étaient déjà concertés intensément au printemps sur l’utilisation des 50 millions d’euros annoncés en mai pour préserver le secteur dans sa globalité et sa diversité. « Les 200 millions d’euros en 2021 et 2022 s’ajoutent à la centaine de millions d’euros de 2020 et ce sont des annonces fortes de l’État. Nous avons milité avec le Ministère de la Culture pour que la plus grande partie soit disponible tout de suite, parce qu’il faut y aller massivement pour continuer d’éviter les faillites : ce devrait donc être autour de 170 millions d’euros en 2021 et 30 millions en 2022 » a précisé Jean-Philippe Thiellay.

Une montée en puissance conditionnée à de nouvelles sources de financement

La montée en puissance est la suite logique de l’agenda du Centre national de la musique. Son Président l’évoque depuis la création de l’établissement. La première étape consiste en l’intégration au 1er novembre du Bureau Export, du FCM, de l’IRMA et du CALIF, et permettra de développer des synergies, mais aussi d’améliorer et d’harmoniser les aides existantes, afin d’agrémenter le panel des aides au secteur. La deuxième, en une montée en gamme sur le plan structurel et opérationnel du CNM permise par l’attribution de dotations budgétaires de l’Etat : à la trajectoire de 15 millions d’euros en 2021 puis 20 millions en 2020 sont venus s’ajouter 10 millions d’euros (5 millions en 2021 et 5 millions en 2022) pour accompagner la « montée en puissance » de l’établissement. La vitesse de croisière sera l’étape suivante, à condition que l’établissement dispose des ressources nécessaires, en particulier sur le plan financier. La question du financement du Centre national de la musique a toujours été parmi les principales problématiques évoquées durant les prémices et la préfiguration. Les sources potentielles et réalisables en matière de nouveaux financements sont limitées. Et le contexte actuel accentue la nécessité de trouver des solutions et alternatives. Le premier budget du CNM devait, en 2020, avant la crise être de 50 millions d’euros, essentiellement composé du produit de la taxe sur les billets de spectacles (32,8 millions d’euros en 2018), des budgets du FCM (4 M€) et du Bureau Export (5 M€) et de l’enveloppe complémentaire allouée par l’État (7,5 M€ en 2020, 15 M€ en 2021 et 20 M€ en 2022). Dès 2021 se posera donc la question des nouvelles sources de financements. Un timing opportun pour pérenniser l’engagement financier de l’État pour le secteur, soit 257 millions d’euros entre 2020 et 2022, et peser auprès du Gouvernement et du Parlement pour obtenir des financements extra-sectoriels pérennes, notamment du côté du digital.

 

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