La reprise et la relance de l’activité de la musique live fragilisées par l’évolution de la crise

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La reprise des concerts n’a eu pas lieu en septembre en raison du contexte d’incertitudes dans lequel s’est déroulée la rentrée. L’évolution des paramètres liés à la crise sanitaire est explicite. Seule une inversion des indicateurs pourrait permettre une reprise avant 2021. Or les dernières annonces du Gouvernement indiquent qu’une amélioration n’est pas prévue à court terme.

Après une trêve estivale, la crise sanitaire s’intensifie de nouveau. L’activité économique du secteur de la musique live est de nouveau confrontée à des restrictions en raison de l’actualité sanitaire. Les concerts n’ont pas repris à la rentrée. Outre l’absence de visibilité causée par la gestion de crise du Gouvernement, la distanciation physique entre les spectateurs imposée dans les salles de concerts en zones classées rouge fait partie des principaux facteurs qui n’ont pas permis le redémarrage de l’activité économique. La distanciation physique limite mécaniquement la capacité d’accueil des publics et bride la rentabilité des concerts. Pour les entrepreneurs du spectacle, la suppression de la distanciation est une condition sine qua none pour la reprise. Et puisque la stratégie actuelle du Gouvernement engendre des mesures qui en sont à l’opposé, rares sont les concerts organisés dans les salles. L’écrasante majorité des concerts et tournées est reportée. Une situation qui ne peut que se généraliser suite aux annonces faites par le Ministre de la Santé le 23 septembre. A Paris, Bordeaux, Lyon, Grenoble, Nice, Montpellier, Lille, ou encore Rennes, la jauge maximale d’accueil du public est abaissée de 5 000 à 1 000 personnes, les rassemblements en public de plus de 10 personnes sont interdits et la fermeture des bars devra intervenir au plus tard à 22 heures. La fermeture des bars est totale à Marseille et en Guadeloupe. Difficile d’envisager que les publics se déplaceront dans des salles de concerts alors que tous les lieux accueillant du public sont fermés en dehors notamment des lieux de travail, lieux culturels et commerces.

ANNULATION DES CONCERTS PRÉVUS D’ICI LA FIN DE L’ANNÉE

L’abaissement de la jauge d’accueil de 5 000 à 1 000 personnes vient annihiler la vraie reprise du secteur de la musique live à des multiples niveaux. D’abord parce qu’il s’agit d’une réplique des évènements du mois de mars qui avaient précédé l’annulation de tous les évènements dont les concerts. Les salles de concerts à l’instar de tous les lieux culturels ne sont pas concernées par les fermetures en raison de dispositifs sanitaires adaptés. Ensuite, parce qu’une telle mesure accentuera la réticence des publics à acheter des billets pour des concerts qui n’ont pas la certitude d’avoir lieu. Et les problématiques rencontrées par de nombreux spectateurs pour le remboursement des billets avec certains distributeurs viendront conforter cette « crise de confiance ». Autre raison importante, un tel manque de visibilité pour les producteurs dans des villes majeures pour l’activité de la musique live, associé à un plafond et un plancher fragiles pour les jauges des concerts, ne peuvent pas encourager les investissements des producteurs à court terme. Lors d’une rencontre en amont de l’Assemblée Générale du PRODISS, plusieurs gérants de salles ont fait savoir que leur activité n’avait pas repris à la rentrée. C’est le cas du Zénith de Paris, de la Salle Pléyel, et de beaucoup d’autres salles de concerts importantes où aucun concert n’a été programmé depuis mars. Et la programmation comme la communication des principales salles de concerts le confirment, la quasi-totalité des concerts prévus entre fin septembre et la fin de l’année est reportée à partir du printemps 2021. D’autres concerts sont tout simplement annulés.

LE PLAN DE RELANCE QUALIFIÉ DE PLAN DE SAUVEGARDE PAR LES ENTREPRENEURS DU LIVE

Le prolongement de la crise étant avéré, son bilan n’en sera que plus important. Et à l’heure où la reprise est loin d’être amorcée, les producteurs, diffuseurs, gérants de salles et organisateurs de festivals fédérés au PRODISS se refusent à parler de relance. L’Assemblée Générale du PRODISS a été l’occasion pour les membres élus de son bureau de réaffirmer et de présenter leurs urgences, priorités et attentes dans l’optique d’une reprise de leurs activités respectives. L’engagement inédit du Gouvernement pour le secteur avec l’annonce des 210 millions d’euros alloués au Centre National de la Musique sur deux ans a évidemment été salué, bien que des réticences sur sa ventilation aient été exprimées. Mais surtout, les entrepreneurs du spectacle considèrent que le plan de relance doit en réalité être un plan de sauvegarde. « Le Gouvernement a réagi et nous sommes reconnaissants de cet effort. Au regard de notre fonction sociétale, chacun attend que nos entreprises soient au rendez-vous du retour à la normale le plus rapidement possible. Mais encore faut-il que nos entreprises soient encore vivantes dans 6, 9 ou 12 mois. L’aide annoncée par le Gouvernement, si elle va bien aux entreprises les plus durement et durablement touchées, doit nous permettre de supporter l’arrêt actuel. Il s’agit davantage d’un plan de sauvegarde que d’un plan de relance. C’est donc avec une ferme détermination que nous continuerons à nous battre pour que toutes les actions au service d’une reprise réelle de notre activité soient prises » a déclaré Olivier Darbois, Président du PRODISS, en ouverte de l’Assemblée Générale annuelle du premier syndicat d’employeurs du secteur. Une position confortée par l’évolution en cours du contexte sanitaire, et dont la suite est comme en tout temps de crise imprévisible.

 

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