Les streams des comptes “gratuits” sur Spotify, YouTube, Deezer, Amazon désormais comptabilisés dans les classements en France

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De nouveaux changements concernant les classements “top albums” et “top titres” entrent en vigueur en France, à compter du 1er juillet 2024. Ces dernières années, plusieurs évolutions ont été mises en oeuvre vis-à-vis des charts et des certifications, entre autres raisons pour qu’ils soient au mieux représentatifs de la consommation de la musique et des performances des artistes. Avec cette réforme, le marche français se rapproche des standards aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne.

La comptabilisation des ventes et la réalisation des classements relatifs aux albums et aux titres englobent à présent deux offres supplémentaires. Depuis le 21 juin, sont comptabilisées les écoutes à partir de comptes “freemium” (gratuits) sur Spotify, YouTube, Deezer et Amazon, pour les formats audio et vidéo. Selon la méthodologie adoptée, 7 streams en provenance d’un compte gratuit sont équivalents à 1 stream par un abonné premium.

Il s’agit “des classements les plus exhaustifs jamais publiés par la profession” selon le Directeur général du Snep, Alexandre Lasch, qui confirme que “les disques d’or, de platine et de diamant décernés par le Snep reflèteront l’ensemble de ces évolutions”.

“Les tops reflèteront désormais mieux les écoutes des français” considère Milena Taieb, Head of Music de Spotify France.

La consommation freemium est un moyen important pour les auditeurs d’apprécier la musique et de découvrir des artistes. C’est formidable que toute cette consommation et cette diversité comptent désormais dans les classements estime Thomas Duglet, Head of music France.

Le Snep, qui représente les majors Universal Music France, Warner Music France et Sony Music France, et près d’une centaine de labels indépendants, précise néanmoins qu’il s’agit pour l’heure d’une expérimentation.

Trois évolutions depuis 2016

Cette évolution des classements officiels en France n’est pas une première. Deux grands changements avaient été actés, en moins de deux ans, lors de l’accélération de la croissance du streaming.

Les streams en provenance des comptes gratuits, essentiellement sur Spotify et Deezer mais pas sur YouTube, avaient été intégrés au “top albums” fin juillet 2016. Puis il avait été décidé fin avril 2018 d’exclure les écoutes des consommateurs non titulaires d’un abonnement premium. L’idée était alors de mieux reconnaître la valeur du streaming premium, qui générait déjà l’essentiel des revenus en provenance des plateformes.

Ainsi, jusqu’au 21 juin 2024, seuls les streams des abonnés payants comptaient dans le calcul des ventes et donc les classements des albums et des titres ainsi que pour les certifications.

Intégration des écoutes sur YouTube Music

Le second changement relatif aux ventes et aux classements porte sur l’intégration des écoutes sur YouTube Music, offre 100% premium. La filiale de Google consolide ainsi son statut de partenaire de l’industrie de la musique en France, bien qu’étant particulièrement critiquée depuis des années pour ne pas suffisamment rémunérer les labels et artistes au regard des volumes de consommation de la musique sur YouTube et de l’importance de la musique parmi l’offre de contenus.

“Ce partenariat met en lumière le rôle essentiel des plateformes de streaming telles que YouTube pour permettre aux artistes de toucher un large public. Une étape cruciale dans notre collaboration avec l’industrie musicale, visant à soutenir les artistes dans la construction de carrières durables et prospères”  commente Solène Lory, Head of Music de YouTube France.

En Allemagne, les streams sur YouTube (premium et freemium) sont inclus dans les charts titres depuis deux ans et demi.

Alignement sur les US, le Royaume-Uni, l’Allemagne

Avec cette réforme, actuellement en phase d’expérimentation, les classements en France se rapprochent des charts des États-Unis et de certains pays européens. “Ce projet nous permet de nous aligner sur la plupart des marchés européens qui intègrent déjà le freemium dans leurs classements” souligne Milena Taieb de Spotify France.

Sur le marché américain, le streaming gratuit est intégré au Billboard 200 (albums) depuis 2014, avec un ratio de 3 pour 1 instauré en 2018: 1 250 streams premium = 1 vente et 3 750 streams freemium = 1 vente. Pour le Billboard Hot 100 (titres), 1 écoute via une offre gratuite financée par la publicité correspond à 2/3 d’un stream premium.

Au Royaume-Uni, 3ème marché de la musique enregistrée dans le monde et 1er marché en Europe, le streaming freemium est intégré aux charts depuis 2014 au classement “Official singles”. 600 écoutes freemium équivalent à 100 streams premium, correspondant à 1 vente.

En Allemagne, 4ème au classement mondial IFPI, les écoutes à partir des comptes gratuits sont comptabilisées dans les ventes et classements des titres depuis janvier 2022.

En France, le Snep dispose depuis 2008 de l’exclusivité pour la publication des classements relatifs aux ventes d’albums et au top streaming, dans le cadre d’un mandat de la SCPP, qui finance le syndicat. Depuis le 1er janvier 2021, les classements sont réalisés par la société anglaise Official Charts Company, avec Kantar en guise de partenaire technique.

Les évolutions annoncées seront reflétées dans les deux classements publiés à compter du 1er juillet, chaque lundi.

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