Présidente d’honneur de la 39ème édition des Victoires de la musique, Zazie a prononcé un discours résolument engagé et lourd de sens en ouverture de la cérémonie. Une plaidoirie à l’égard du public de prime abord, mais également à l’intention des acteurs de l’industrie de la musique.

L’artiste auréolée de six Victoires de la musique a pleinement profité de son rôle de Présidente d’honneur. Avec une performance à l’ouverture de la cérémonie diffusée en prime time, puis un discours fidèle à sa stature et son positionnement.

Cette prise de parole de Zazie sur la scène des Victoires de la musique n’était pas hasardeuse. Son discours était indéniablement l’expression de sa personnalité, de son franc-parler, de ses idées.

Pour autant, il était empreint de la stratégie de son agent et producteur Pascal Nègre (Hashtag NP / label Six et Sept), depuis leurs départs respectifs d’Universal Music en 2016 et 2017. Avec des sous-entendus assurément perçus par certains acteurs de l’industrie de la musique “made in France”.

Le discours de Zazie était indubitablement une plaidoirie pour la liberté de création, la diversité, le pouvoir des artistes.

L’artiste aux 3 millions d’albums vendus a mentionné la multitude des genres de musique produits en France, dont la pop, le rock, le rap, le jazz, et mentionné les différents profils d’artistes.
“Il y a les grands artistes dans les petites salles, ceux qui rappent en bas de chez eux, celle qui poste son premier titre depuis sa chambre…”

Autant de spécificités qui vont de pair avec des modèles économiques divers et justifient pour l’artiste auteur de ‘Allumer le feu’ de sacraliser la liberté de création des artistes, qui ne peut subsister qu’avec des financements adéquats.

Une nécessité qui pour elle s’explique par l’omniprésence de la musique dans le quotidien et la vie des français. “Il y a la musique pour le cinéma, la musique à la radio, la musique dans les supermarchés…”

Zazie a donc insisté sur le caractère inaliénable et essentiel de l’artiste. Le principal message délivré porte effectivement sur la nécessité de replacer l’artiste et donc ses intérêts au centre.

“La musique, c’est cette liberté, cet imaginaire, qui se réinventent loin de diktats et des formats. Ce sont nos rêves – et vos espoirs – qu’aucune tuyauterie, aucune industrie ne peut contenir.”

Le discours intégral de Zazie:

“Platon disait que si l’on veut connaître un peuple, il faut d’abord connaître sa musique. La nôtre dans ce pays, elle est de toutes les couleurs: pop, rock, rap, folk, world, jazz… 

Au-delà des tiroirs dans lesquels on les range, des singles, des étiquettes collées sur nos disques, la musique se fraye toujours un chemin. Comme l’eau, ou plutôt une fuite d’eau…

La musique, c’est cette liberté, cet imaginaire, qui se réinventent loin de diktats et des formats. Ce sont nos rêves – et vos espoirs – qu’aucune tuyauterie, aucune industrie, ne peut contenir.

Il y a plusieurs chemins: celui des grands artistes dans les petites salles, ceux qui chantent dans la rue, ces deux-là qui rappent en bas de chez eux, celle qui poste son premier titre depuis sa chambre.
Il y a la musique pour le cinéma, la musique à la radio, la musique dans les supermarchés, la musique aux mariages comme aux enterrements.

Nous sommes là pour célébrer ces chemins, les chemins. Pas les résultats, les ventes, les vues, le nombre de followers sur les réseaux “soucieux”, le nombre de spectateurs…

On est là pour célébrer ce que la musique représente pour nous. Et pour tous ceux qui travaillent dans l’ombre, loin des trophées, qui nous accompagnent, en management, en financement, en techniques, en image, attachés de “stress”…

On est là pour célébrer la chance qu’on a, d’exprimer ce qu’on est, de partager nos doutes, nos peurs, nos colères, nos envies de danser, nos larmes aux yeux.

La chance, au travers une chanson d’envoyer une flèche vers le coeur des gens et, parfois, de pouvoir vous toucher.
La chance, de connaitre quelques accords et harmonies, et de pouvoir au travers nos vies pressées si différentes et compliquées se rassembler comme ce soir, et se ressembler.

Ce soir je célèbre la musique qui nous réunit, le travail, le stress, tous les obstacles qu’on a croisés sur nos routes.
Je célèbre les défaites comme les victoires…”