Dans le cadre du Projet de Loi de Finances, la Ministre de la Culture a présenté son budget 2025 ainsi que ses priorités et objectifs pour les secteurs. Dans un contexte d’austérité qui ne dit pas son nom, le Gouvernement insiste par la voix de Rachida Dati sur le caractère préservé du soutien pour les entreprises, les artistes, les salles, les festivals. Les composantes du budget et du soutien du Ministère de la Culture et de l’État en faveur du secteur de la musique le confirment. Le secteur échappe au pire, à un moment où la quasi-totalité des secteurs et acteurs de l’économie sont mis à contribution du redressement des finances publiques.
Après avoir massivement soutenu et accompagné les entreprises durant la crise sanitaire et économique, et promis un réel engagement faisant défaut depuis des décennies, le Gouvernement s’efforce de maintenir un soutien conséquent à l’égard du secteur de la musique. Outre ce qu’elle représente en termes d’emplois, et de contribution à l’économie voire au tourisme, la musique est essentielle voire majeure dans la vie culturelle des français. C’est également un vecteur de rayonnement exceptionnel pour la France, sa culture, et la langue française sur la scène internationale, indépendamment de la situation géopolitique.
Les grands objectifs de la politique portée par le Gouvernement pour le secteur de la musique sont de prime abord de favoriser la création, la diversité, et l’emploi, et en parallèle d’inciter les investissements des entreprises et de favoriser leur développement. Le tout dans un contexte de crise économique, de transitions, de bouleversements, de concurrence.
Pour l’année 2025, les orientations stratégiques du Gouvernement oscillent entre constance et innovation. Elles sont axées sur le soutien à l’emploi artistique, le soutien des opérateurs, l’accès à la culture en milieu rural, ainsi que la transition et la refonte des modèles de production et de diffusion des spectacles.
Le budget 2025 du Ministère de la Culture tel que présenté par le Gouvernement au Parlement est de 4,44 milliards d’euros en termes de crédits provisionnés. 3,9 milliards d’euros de crédits sont affectés à la mission Culture, dont 1 milliard d’euros consacré au programme Création. Le programme Création contient les crédits affectés aux scènes de musiques actuelles (SMAC), aux scènes nationales et aux lieux, au plan de soutien pour les festivals, ainsi que les montants dédiés à divers dispositifs de soutien bénéficiant au secteur de la musique.
126 millions d’euros pour les salles, lieux et festivals
Dans le détail du budget 2025, 18,4 millions d’euros seront attribués aux 93 scènes de musiques actuelles (minimum de 100 000 euros, maximum de 360 000 euros). 5,9 millions d’euros seront versés aux 110 structures non-labellisés de création et de diffusion musicale (minimum de 10 000 et maximum de 830 000). Les 78 scènes nationales, dont un certain nombre programment des concerts entre autres, percevront un total de 67 millions d’euros (minimum de 292 000, maximum de 3,2 millions).
Les 8 centres nationaux de création musicale (CNCM) disposeront d’une enveloppe globale de 3,4 millions d’euros. Pour les résidences musicales, 2,4 millions d’euros leur seront dédiés. Les ensembles musicaux seront soutenus à hauteur de 19 millions d’euros.
10,2 millions d’euros seront dédiés à quelques 329 festivals de musique (minimum de 2 000, maximum de 860 000). Par ailleurs, le Ministère de la Culture contribuera aux contrats de filière musique pour un montant de 500 000 euros.
Au total, les salles, lieux de création et de diffusion ainsi que les festivals seront subventionnés à hauteur de 126 millions d’euros en 2025.
Le budget du programme Création finance par ailleurs divers dispositifs bénéficiant au secteur de la musique: le Fonpeps (50,1 millions d’euros en 2025) et le GIP cafés culture (730 000 euros), tous deux destinés à inciter à l’emploi d’artistes, musiciens et techniciens, ou encore le plan « mieux produire, mieux diffuser » destiné au spectacle vivant entre autres (9 millions d’euros).
26,9 M€ de subvention pour le CNM
Les crédits affectés aux industries culturelles pour l’année 2025 seront de 30,9 millions d’euros, en baisse d’1,3 million par rapport à 2024. Le Centre national de la musique bénéficiera d’une subvention de 26,9 millions d’euros. L’établissement, sous tutelle du Ministère de la Culture, verra ainsi l’enveloppe attribuée réduite d’1,3 million d’euros. La subvention du Ministère a cependant pour vocation de couvrir les dépenses de fonctionnement du CNM (personnels, frais, charges…), et non les programmes d’aide destinés aux entreprises du secteur de la musique.
En complément, plusieurs organisations et évènements de la filière musicale bénéficieront d’une enveloppe globale de 500 000 euros: la Fédération nationale des labels indépendants (FELIN), la Guilde des Artistes de la Musique (GAM), le MaMA (salon professionnel dédié aux musiques actuelles) et les Victoires de la musique. D’autres acteurs contribuent au financement de ces organisations et évènements, en particulier les cinq organismes de gestion collective en charge des droits des créateurs et éditeurs (Sacem), producteurs de musique enregistrée (SCPP, SPPF), artistes (Adami, Spedidam).
76 millions d’euros de crédits d’impôt en 2025
Outre les subventions du Ministère, l’État soutient également le secteur de la musique de manière indirecte par le biais de deux mécanismes: les crédits d’impôt, ayant vocation à inciter les entreprises à investir, et les taxes affectées, permettant de financer les missions du CNM, en particulier les aides en faveur des entreprises et projets.
Les trois crédits d’impôt représentent une dépense fiscale globale de 76 millions d’euros pour l’État et les finances publiques, bien que leur caractère vertueux ait été démontré ces dernières années. Le crédit d’impôt pour la production de spectacles, bénéficiant donc aux producteurs de live, aura un coût de 42 millions d’euros en 2025 (34 millions d’euros en 2023). Le crédit d’impôt pour la production phonographique (musique enregistrée) constituera une dépense de 31 millions d’euros en faveur des labels, un montant stable. Les sociétés d’édition bénéficieront d’un crédit d’impôt pour un montant de 3 millions d’euros (1 M€ en 2024).
Sur le plan des taxes affectées au Centre national de la musique: la taxe sur la billetterie devrait abonder le budget de l’établissement de 50 millions d’euros en 2025. La contribution de la taxe sur les plateformes de streaming sera d’au moins 10 millions d’euros.
3,1 milliards d’euros pour France Télévision et Radio France
Au budget global du Ministère de la Culture en termes d’intervention et de subventions s’ajoute pour l’audiovisuel public un budget de 4 milliards d’euros, en baisse de 2 millions. Dans le détail, France Télévisions disposera d’un budget de 2,5 milliards d’euros, en augmentation de 26 millions. France Télévisions est un des principaux diffuseurs de la musique dans le paysage audiovisuel, avec des concerts, festivals, des émissions et programmes dédiés. Le budget attribué à Radio France, un des principaux diffuseurs de la musique, est de 660 millions d’euros, en hausse de 7 millions.
Le budget 2025 pour la Culture et en particulier le secteur de la musique est susceptible de modifications au cours du débat parlementaire, dans le cadre du Projet de la Loi de Finance 2025.