Les chiffres et tendances pour l’année 2024 du marché français de la musique enregistrée ont été présentés à Paris lors de la conférence annuelle du Syndicat national de l’édition phonographique (Snep). La bonne santé économique du secteur s’illustre à trois niveaux distincts, comme anticipé par MUSICBIZ. Le streaming premium rapporte désormais plus de 500 millions d’euros. Le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires a été passé. Les revenus de vinyles surpassent maintenant celles du CD.

La consommation de la musique (streaming, physique, téléchargement) a généré 870 millions d’euros en 2024 d’après les données du Snep. La hausse de 7% sur un an équivaut à une augmentation 55 millions. Le palier des 900 millions d’euros de chiffre d’affaires sera assurément dépassé en 2025, étant donné la dynamique de croissance du marché et en particulier du streaming premium. “Pour la 8ème année consécutive, le marché français poursuit sa croissance. Tous les segments sont au vert, une situation inédite depuis le retour à la croissance du marché français” a déclaré Alexandre Lasch, Directeur général du Snep, devant les équipes de direction des entreprises et organisations du secteur, entre autres professionnels présents.
Les artistes interprétant en français et accompagnés par des labels français ont comme chaque année alimenté la consommation et boosté l’appétence des consommateurs pour la musique. Sur les vingt albums ayant réalisé les meilleures ventes de l’année, 18 sont produits par les labels français et tous sont interprétés par des artistes francophones.
522 millions d’euros en provenance du streaming premium
Sans surprise, le streaming premium a continué de tirer la croissance du marché français de la musique enregistrée en tant que première source de revenus. Les abonnements à Spotify, Deezer, Apple Music, Amazon Music, YouTube Music, Qobuz, ont ainsi rapporté 522 millions d’euros en 2024, 53 millions de plus en un an (+11%). “Le streaming par abonnement s’affirme davantage encore comme la principale source de revenus, représentant à lui seul 60% des ventes” précise le Directeur général de l’organisation fédérant les filiales françaises des majors, et d’autres labels. 12.3 millions d’abonnés payants aux plateformes de streaming ont été recensés en 2024, 300 000 de plus qu’en 2023, sur un total de 17.7 millions d’utilisateurs en incluant les abonnements familles et duo.
Le chiffre d’affaires global du streaming en 2024 est de 664 millions d’euros (+9%). Le streaming financé par la publicité a généré 75 millions d’euros, 4.2 millions de plus (+6%). Le streaming vidéo a quant à lui marqué un coup d’arrêt (66.9 M€, -0.1%).
Au niveau du marché physique, les ventes de CD et de vinyles ont globalement progressé en 2024, avec un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros (+1%) dont 2.5 millions de plus sur un an. Le vinyle génère désormais davantage de revenus que le CD: 98 millions d’euros et une progression de 5 M€ (+5%). Le disque continue néanmoins de rapporter toujours moins, avec 91 M€ (-4%) et une part de marché de 10%, un point de moins que le vinyle. “Le CD reste très populaire et surclasse toujours le vinyle en acte d’achat avec près de 10 millions de ventes, contre 6 millions pour le microsillon” souligne Alexandre Lasch, Directeur général du Snep. L’engouement des consommateurs pour le support physique est notamment lié au développement de la vente en directe (D2C) des artistes et labels via leurs propres sites. Le chiffre d’affaires sur ce segment est passé de 8 à 10.5 millions d’euros en un (+33%).
Le milliard d’euros de chiffre d’affaires global à relativiser
Globalement, le marché français de la musique enregistrée a dépassé le milliard d’euros en 2024, avec un chiffre d’affaires d’1.03 milliard d’euros selon le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep). La croissance de 7% sur un an équivaut à une augmentation de 67.5 millions d’euros. C’est la première fois depuis 2007 que la barre symbolique du milliard d’euros de chiffre d’affaires a été franchie. Une barre on ne peut plus symbolique. “Depuis le seuil plancher de 2015, nous avons rebondi de 58% mais nous sommes encore loin du compte. Le marché 2024 ne représente encore que 54% du pic atteint en 2002, de quoi relativiser les chiffres que nous vous présentons” nuance Alexandre Lasch, Directeur général du Snep.
Outre les revenus du segment digital en hausse de 9% ,et ceux du physique en progression d’1%, les recettes en provenance de la synchronisation (musique pour le cinéma, l’audiovisuel, la publicité…) ont augmenté de 18% (36 M€), et les droits voisins perçus par la SCPP et la SPPF pour le compte des labels et producteurs de 2% (124 M€).
Au-delà des chiffres et indicateurs, la bonne santé économique apparente du secteur de la musique enregistrée en France reste à relativiser. Pour cause, l’accélération de la croissance du nombre d’abonnés payants aux plateformes de streaming tarde à se concrétiser. Le retard de la France en la matière par rapport à d’autres marchés est particulièrement flagrant depuis plusieurs années. Depuis 2022, la France est passée de la 5ème à la 6ème place du classement des marchés de la musique enregistrée établi par l’International Federation of the Phonographic Industry (IFPI), surpassée par la Chine.