Le chiffre d’affaires généré par la consommation de la musique en France a continué de croître au premier semestre 2024, avec une progression de 5,9%. La croissance est cependant moindre par rapport à l’année précédente (+9,4%). La prospérité du marché français de la musique enregistrée est toujours plus dépendante du streaming premium, qui rapporte certes davantage en raison de la hausse des grilles tarifaires des plateformes leaders et des souscriptions d’abonnement. L’accélération de la croissance du streaming premium se heurte néanmoins à la faible augmentation des nouveaux abonnés, pour des raisons liées aux habitudes de consommation comme à la conjoncture économique.
La consommation de la musique en France a généré un chiffre d’affaires global de 415 millions d’euros au premier semestre 2024. La croissance de 5,9% équivaut à une hausse de 23 millions d’euros. Le niveau des revenus du marché français de la musique enregistrée a progressé de 48% depuis 2020. Les artistes français et francophones boostent la consommation de la musique et donc la hausse des revenus. 70% des albums dans le top 200 et 16 albums dans les 20 meilleures ventes sont interprétés par des artistes français et francophones, et produits par des labels français. L’album “Chambre 140” de PLK (label Panenka / Wagram) est n°1 sur la période avec 177 000 ventes.
Le bilan du Snep, syndicat des majors et d’autres labels, précise que le chiffre d’affaires relatif au premier semestre représente 40% du total de l’année. Ce qui s’explique entre autres par l’augmentation de la consommation de la musique en période des fêtes de fin d’année, qui profite principalement au back catalogue générant plus de revenus que les nouveautés, ainsi que par les sorties d’albums importantes des principaux labels à l’automne, dans les genres chanson et rap.
Le streaming premium en hausse de 11% avec 258 M€ de CA
Globalement, le streaming a rapporté 327 millions d’euros (+10%), soit 30 millions de plus en un an. 66 milliards d’écoutes ont été recensés durant le premier semestre 2024, 10% de plus en un an, dont 53 milliards de streams premium. Le volume des streams a progressé de 20 milliards en trois ans, et celui des streams premium de 16 milliards.
La progression du marché a été assurée par le streaming premium, qui a rapporté 258 M€ (+11%) soit 26 M€ de plus en un an, avec une part de 62% des revenus du marché.
Ralentissement de la croissance globale
Cependant, la croissance globale a ralenti par rapport à l’année 2023, d’abord en raison de la faible augmentation des revenus générés par le streaming financé par la publicité, du streaming vidéo, ainsi que des ventes physiques. Le chiffre d’affaires généré par le streaming financé par la publicité est de 38 M€ (+6%), soit 2 M€ de plus en un an contre 8 M€ en 2023, et celui du streaming vidéo de 31 M€ (+5%) soit une hausse de 1,5 M€.
Les revenus en provenance des ventes physiques ont baissé de 6,8% au cours du premier semestre 2024, passant de 88,5 à 82,4 M€, après une hausse de 8 M€ l’an dernier. Les ventes de vinyles ont été stables, avec 41 M€ de chiffre d’affaires, surpassant pour la 1ère fois depuis les années 80 les ventes de CD qui ont baissé de 8 M€ (-13%), à 43,5 M€.
La croissance du marché est également plus faible qu’attendu en raison de la lente progression des souscriptions d’abonnements aux plateformes. « Nous constatons des résultats encourageants mais ils devraient être meilleurs, en particulier ceux des abonnements aux services de streaming, au regard du chemin qu’il reste à parcourir pour atteindre un niveau de maturité satisfaisant” concède Alexandre Lasch, directeur général du Snep.
Le streaming est certes répandu dans les habitudes d’une partie des consommateurs, mais l’accélération de la hausse des abonnés premium se heurte à plusieurs obstacles. En premier lieu, le manque de consentement à payer d’une partie des fans et consommateurs, pour diverses raisons dont l’attachement aux offres gratuites avec le streaming financé par la publicité ainsi que leur attractivité. Certains des principaux dirigeants de l’industrie de la musique au niveau mondial considèrent d’ailleurs que l’expérience sur le streaming “gratuit” devrait être moins qualitative, dans l’optique de convertir davantage d’utilisateurs vers le premium en les incitant à souscrire à un abonnement.
Le contexte de crise économique impactant le pouvoir d’achat des consommateurs fait également partie des facteurs pénalisant la croissance de streaming premium. S’y ajoutent aussi la concurrence faites aux artistes et à la musique par les plateformes et personnalités de tous horizons, sur les réseaux sociaux dont TikTok et Instagram comme sur les plateformes vidéos (Netflix, Prime Video).