La musique made in France, un secteur pesant plus de 300 millions d’euros à l’international

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L’année 2018 a été exceptionnelle pour la musique made in France sur son propre marché comme sur le plan international. La barre symbolique des 300 millions d’euros de revenus a été franchie. L’export de la musique made in France est une réelle source de croissance économique pour le secteur mais également une force pour la filière sur le plan professionnel et institutionnel. L’ambition et la nécessité d’être présent sur la scène internationale provoquent une dynamique collective entre les professionnels réunis au sein Bureau Export. Les résultats de l’export du secteur français de la musique a de quoi suscite l’enthousiasme des politiques. Un intérêt qui se doit de se traduire par un octroi de davantage de moyens financiers pour donner au secteur les moyens de ses ambitions.  

302 millions d’euros. C’est le chiffre d’affaires réalisé par les entreprises françaises à l’étranger en 2018, d’après le dernier bilan du Bureau Export. Les revenus à l’international de la musique made in France ont progressé de 6,7% en un an. Mais c’est surtout sur le long terme que la progression est historique avec +50% entre 2010 et 2018. La lecture sous l’angle des familles de métiers fait apparaître que les organismes de gestion collective (Sacem, SCPP, SPPF, Adami) ont perçu 30% des revenus avec un total de 91,6 millions d’euros. Les producteurs de musique enregistrée ont généré 27% du chiffre d’affaires global. Ils ont d’ailleurs réalisé la plus forte progression en un an (+16%) avec des revenus passés de 67 à 80 millions d’euros. Une croissance qui s’explique en particulier par l’augmentation des revenus générés sur le streaming, de 24% en 2018. A l’instar du marché domestique, le streaming joue également son rôle à l’étranger en tant que relais de croissance pour la musique enregistrée. Le segment digital représente pas moins de 77% du chiffre d’affaires de la musique enregistrée made in France à l’international. Et le streaming pèse pour 2/3 de ce segment, contre 10% pour le téléchargement. Et en parallèle de cette hausse est à noter la faible baisse des ventes physiques (-1%).

75,1 millions d’euros générés par les ventes de spectacles à l’étranger

Les producteurs de spectacles ont une part de marché de 25% pour un total de 75,1 millions d’euros. Les ventes de spectacles de musiques actuelles ont représenté 87,9% des recettes totales. Parmi les spectacles les plus exposés sur la scène internationale, et classés en tenant compte du nombre de spectacles et de spectateurs, figurent en tête les artistes Carpenter Brut (Pyrprod), Ibeyi (Caramba spectacles), Klozi (Klaxon), The Blase (Live Nation) et Justice (Corida). Composant le troisième métier central de la filière, les éditeurs ont rapporté 54,9 millions d’euros (hors droits d’auteur). Et comme les labels, ils profitent également d’une croissance de leurs revenus sur le digital, de l’ordre de 25% entre 2017 et 2018. La lecture des chiffres sur le plan des sources de revenus fait émerger de loin les droits d’auteurs et droits voisins en tête avec 122,7 millions d’euros. Les ventes de spectacles ont rapporté 75,1 millions d’euros. Elles ont été plus importantes que les ventes de musique enregistrée qui ont généré 68,1 millions d’euros. Autre source non négligeable, les recettes tirées de la synchronisation et leur total de 22,6 millions d’euros.

La musique made in France dépendante de l’Europe

La répartition des chiffres de l’export sur le plan géographique permet d’identifier des relais de croissance potentiels. Le secteur de la musique made in France reste très dépendant de ses voisins européens et c’est sa principale lacune. L’Europe, où 2/3 du chiffre d’affaires est généré, est le premier marché à l’export avec un total de 200 millions d’euros. Que les artistes produits par des entreprises françaises séduisent le public européen est une illustration de son soft-power et c’est évidemment cohérent avec la volonté de la France d’être un leader en Europe y compris dans les industries culturelles. Pour autant, il faut souligner que la moitié des revenus sont générés en Allemagne, en Belgique, en Suisse et au Royaume-Uni. D’autres marchés européens pourraient donc encore faire croitre l’export de la musique produite en France si les artistes y émergeaient et s’y imposaient. Mais le relais de croissance principal pour le secteur reste certainement de progresser sur les autres marchés. L’écart entre les revenus générés en Europe et sur les autres marchés étrangers est considérable. Le 2ème marché à l’export, l’Amérique du nord, a apporté 20% des revenus soit 60 millions d’euros. L’Asie, qui représente 7,5% du chiffre d’affaires pour le secteur français, a permis au secteur français d’engranger 22,5 millions d’euros.

Nouvelle stratégie en Amérique Latine

De l’autre côté de l’Océan Atlantique, l’Amérique Latine ne représente que 3% des revenus du secteur tricolore de la musique avec 9 millions d’euros. Il s’agit pourtant d’un marché clé, où la croissance a été très importante 2018 sous l’impulsion du Mexique et du Brésil d’après les données d’IFPI. La filière de la musique made in France manque de connaissance et de maitrise des marchés et ce de manière globale. Un manquement que le Bureau Export s’applique à combler en repensant sa stratégie sur plusieurs marchés. Le Bureau Export a fermé son antenne à Sao Paulo (Brésil) en août dernier. L’approche vis-à-vis du marché brésilien est élargie à l’ensemble de l’Amérique Latine. La mission de Julien Humbert, recruté par le Ministère des Affaires Étrangères et en poste à Bogota (Colombie) sera pour doter le Bureau Export d’une meilleure connaissance des marchés. Et ce, entre autres, en identifiant des potentiels partenaires pour optimiser la présence de la musique et des artistes made in France en Amérique Latine. Une nouvelle stratégie pour le Bureau Export pour continuer d’accompagner la croissance de l’export de la musique made in France qui pourrait être adoptée sur l’ensemble des marchés clés sur la scène internationale.

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