Les pratiques en matière de vente et revente de billets sont parmi les grands sujets du music business du moment. La relance après la crise sanitaire des tournées des superstars de la pop, du rock et du hip hop entre autres s’accompagne bien sûr de séries d’annonces de mises en vente de billets, mais également de polémiques, en raison des prix des places. Parmi les exemples les plus flagrants récemment, les nombreuses critiques proférées à l’encontre des artistes Oasis et Lana Del Rey au Royaume-Uni, mais aussi de Beyoncé aux US et en France. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a fait savoir que les secteurs de la Culture et la tech ne seraient pas épargnées par sa volonté de changement radical pour s’inscrire en pleine cohérence avec les slogans America first et Make America great again. La première étape consistait en l’intervention incendiaire du Vice-President JD Vance début février, sur les sujets de l’intelligence artificielle et de la régulation ciblant les entreprises américaines sur le marché européen. La deuxième a eu lieu le 31 mars, avec la signature par le Président américain d’un décret (Executive Order) officialisant l’offensive de l’Administration contre les abus sur les marchés de vente et revente de billets.

Donald Trump veut faire passer l’intérêt des spectateurs de concert avant ceux des plateformes de billetterie et des revendeurs de billets. C’est le sens de sa prise de parole depuis la White House aux côtés de l’artiste Kid Rock. Le Président américain a promis de faire en “deux semaines” ce que certains, notamment les partisans de prix raisonnables pour les places de concert, souhaitent depuis dix voire vingt ans. “Quiconque a acheté une place de concert au cours des dix voire des vingt dernières années sait que c’est particulièrement compliqué. Tu prends un billet à 100 dollars, et au moment de payer le prix est de 170$. Je voulais que les fans des classes populaires qui viennent assister à mes concerts paient un prix juste, or je ne peux pas contrôler cela maintenant. Ce serait donc une première étape” a déclaré l’artiste Kid Rock lors d’un échange avec Donald Trump.
Le décret signé par le Président américain délivre les trois axes majeurs de l’offensive : les objectifs en matière de régulation sur les marchés de vente et revente des billets, le renforcement à venir de la réglementation, et les mesures prises pour converger avec les directives données.
L’offensive de l’Administration Trump contre les abus sur les marchés de vente et revente de billets est d’abord justifiée par le préjudice subi par les consommateurs à savoir les acheteurs des places de concert. Le décret est introduit par une déclaration sans ambigüité. “L’industrie américaine du live est gangrenée par des intermédiaires qui se placent entre les artistes et les fans et imposent des frais inadmissibles contre des services qui ne sont pas équivalents”.
Les pratiques des revendeurs de billets sont explicitement dans le viseur en raison de leur positionnement contraire aux intérêts des spectateurs. “Les revendeurs de billets utilisent des bots et d’autres pratiques abusives pour acquérir massivement des billets à leur prix normal, pour ensuite les revendre à prix exorbitants sur le marché secondaire aux clients, et le tout en privant les fans de l’opportunité de voir sur scène leurs artistes favoris à moins de dépenser des montants pharamineux”. Le décret fait ainsi part de l’engagement l’Administration pour mettre fin aux pratiques abusives sur les marchés de vente et revente de billets, avec eux grands objectifs. Le premier étant de “rendre aussi accessibles que possible” les places de concerts, et le second de lutter contre les distorsions de concurrence.
Renforcement de la réglementation
Pour remplir les objectifs portés par cet ‘Executive Order’, il est demandé à la Federal Trade Commission, Autorité en charge de la concurrence et des marchés, d’agir à plusieurs niveaux. D’abord, de s’assurer que la réglementation applicable dans le secteur du live music business soit consolidée. La Federal Trade Commission est également sollicitée pour renforcer “drastiquement” la Better Online Tickets Sales Act, loi encadrant la vente de billets en ligne, en coopération avec les États, pour ainsi mieux défendre les droits des consommateurs.
Une des informations majeures du décret porte sur le mandat conféré à la Federal Trade Commission pour consolider la régulation des marchés de vente et revente des billets, avec des propositions de mesures visant à assurer une meilleure transparence des prix, et ce “à toutes les étapes de l’achat”, y compris sur le marché secondaire. La précision relative aux étapes de l’achat des places a son importance, les plaintes des acheteurs de billets étant récurrentes sur la différence entre le premier prix affiché sur les plateformes de billetterie, et le prix demandé lors de la transaction qui s’avère bien plus important en raison de frais divers. Aussi, l’Autorité est de surcroît mobilisée dans la démarche de l’Administration Trump visant à enrayer les pratiques abusives et anticoncurrentielles sur le marché secondaire de la billetterie en particulier.
Les mesures prises pour remplir les objectifs donnés par le Président Trump, et notamment les pistes retenues en matière de réglementation ciblant les marchés de vente et revente de billets, seront communiquées dans un délai de six mois.
En parallèle, la Ticket Act visant à renforcer les intérêts des consommateurs en matière d’achat de billets sera prochainement examinée et votée par le Sénat américain, après avoir été votée par la Chambre des représentants début février.