Le budget 2024 du CNM consolidé grâce à la taxe streaming et aux crédits exceptionnels

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Le Centre national de la musique se voit doté de moyens financiers renforcés pour 2024, avec l’instauration de la taxe streaming. A l’aube de la 5ème année de son déploiement, le CNM réaffirme son ambition de remplir pleinement ses missions, et de répondre aux besoins, attentes et enjeux du secteur de la musique. Néanmoins, son financement reste en partie dépendant de ressources non-pérennes.

Le budget global du Centre national de la musique pour l’année 2024 sera de 146,9 millions d’euros, dont 126,7 M€ pour les aides, services et missions. Il a été adopté par le Conseil d’Administration le 15 décembre, 48 heures après l’arbitrage du gouvernement validant la taxe streaming.
“Ces moyens permettent à l’établissement public, maison commune de la musique, d’accompagner toute la filière de la musique et des variétés” précise le communiqué du CNM, présidé par Jean-Philippe Thiellay.

Le Centre national de la musique attribuera des aides sélectives d’un total de 66,7 millions d’euros pour les acteurs et entreprises de la filière en 2024. L’objectif constant est centré sur l’accompagnement et le soutien “dans des contextes demeurant fragiles (sortie de crise sanitaire et inflation pour le live, conséquences de l’arrêt RAAP de la Cour de justice de l’UE pour la musique enregistrée), mais offrant de réelles opportunités de reprise et de croissance”.

Dans le secteur du live, 17,7 M€ seront fléchés pour les salles et festivals, et 9,8 M€ pour la production.
Côté musique enregistrée, la production sera accompagnée avec 8 M€, et les disquaires soutenus avec 400 k€.
2 millions d’euros sont dédiés aux créateurs et créatrices, et le même montant en faveur des éditeurs et éditrices.

Des aides transversales pour un montant total de 26,8 millions d’euros s’ajoutent aux aides sélectives. Les objectifs constants consistent à impulser et accompagner le développement des entreprises et acteurs du secteur, sur le plan local et international, ainsi que la transition et l’innovation.

Bien que consolidé en termes de montant global, le niveau de budget du Centre national de la musique n’est cependant pas garanti pour les années à venir. L’enjeu du financement de la maison commune de la musique reste d’envergure.

D’abord, en raison d’une dépendance aux ressources non-pérennes que sont les subventions et crédits. Et en parallèle, du niveau des ressources dites pérennes, avec une unique nouvelle source de financement, et une stabilité des contributions des organismes administrant les droits des créateurs, éditeurs, producteurs, ainsi que des recettes propres.

1/3 du budget financé par les entreprises et organismes de gestion de droits

En 2024, le budget de l’établissement sera abondé par des ressources pérennes à hauteur de 80 millions d’euros. Pour autant, 30 millions d’euros proviennent de subventions, crédits et recettes. Précisément 50 millions d’euros proviennent effectivement des entreprises du secteur de la musique, et des organismes de gestion collective.

La taxe sur la billetterie rapportera 32 millions d’euros. La taxe streaming contribuera à hauteur de 15 millions d’euros. Une nouvelle source de financement qui s’avère être la première et la seule.
Cette taxe payée par les plateformes, certes effective dès janvier 2024, aura toutefois un rendement sera deux fois inférieur à la taxe payée par les producteurs de live, au moins la première année.
Les cinq organismes gérant les droits des créateurs, éditeurs, producteurs, participent au budget du CNM avec une contribution totale de 3 millions d’euros.

En somme, les ressources pérennes en provenance des entreprises et partenaires du secteur de la musique, soit 50 millions d’euros, représentent 1/3 du budget du Centre national de la musique (146 M€). Le financement de l’établissement est donc actuellement assuré aux 2/3 par de l’argent public.

66 millions d’euros de crédits exceptionnels en 2024

De surcroît, une partie du budget de l’établissement repose sur des ressources exceptionnelles, de facto non-pérennes.
L’analyse des chiffres révèle que le CNM bénéficiera de 66 millions d’euros de “crédits exceptionnels”. En l’occurence, il s’agit de ressources allouées par l’État pour soutenir la dynamique de relance des entreprises (28 M€).
Et aussi de reports de crédits pour 38 M€, dont 30 M€ afin d’accompagner les investissements des entreprises du live dans la transition de leurs activités.

En conséquence, le financement du Centre national de la musique sera à nouveau une équation non-résolue à horizon 2025. Acquérir des garanties en la matière nécessite d’accroître les ressources pérennes à divers niveaux.

D’une part, les contributions des entreprises et organismes de gestion de droits. Et en outre des crédits affectés, les recettes propres de l’établissement, certes dans une moindre mesure (640 000 euros en 2024).

Les moyens d’action de l’établissement situé Avenue de France (Paris 13) seront de 20,2 millions d’euros pour l’année 2024, pour les charges courantes et les investissements en plus d’un personnel de 110 salariés.

Indéniablement, la montée en gamme et en puissance du Centre national de la musique à horizon 2025 et 2030 est indissociable de la pérennité de son financement, et d’une ambition économique et politique véritable.

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