Deux ans après avoir acquis une part minoritaire du capital du groupe de labels PIAS, Universal Music a procédé au rachat du capital restant auprès des deux fondateurs et actionnaires. Anticipant une levée de boucliers de la part des fédérations de labels indépendants au niveau européen et international, entre autres, PIAS réaffirme son ADN d’indépendant et assure que le deal n’aura pas d’autres conséquences que des synergies avec UMG au niveau de la distribution.

Le rachat « intégral » de PIAS par Universal Music est désormais effectif. Les deux entités ont annoncé avoir finalisé la vente des parts en possession de Kenny Gates et Michel Lambot à Universal Music Group, soit 51% du capital. Le montant de la transaction n’a pas été communiqué. PIAS, fondé en 1982, compte cinq labels en son sein dont Play it again sam, Harmonia mundi (label emblématique classique et jazz), ou encore Source, relancé en septembre. Le groupe australien Nick Cave & the bad seeds, le français Sofiane Pamart, et le groupe américain Black Pumas sont parmi les principaux artistes accompagnés par PIAS.

La principale conséquence de l’acquisition consiste en le développement de synergies par le biais d’une fusion entre la division dédiée aux services de distribution en physique et sur les plateformes pour les labels et artistes, Intégral, et Virgin Music Group, filiale d’Universal ayant la même activité. « Les équipes pourront ainsi fournir aux entreprises indépendantes des services de classe mondiale, avec un accès à un réseau autonome de distribution au niveau international » précise le communiqué d’UMG.

Lucian Grainge, Chairman et CEO d’Universal Music a salué l’authenticité de ses deux co-fondateurs et de PIAS, qui représente selon lui « le meilleur de la musique indépendante ». Pour Boyd Muir, EVP et Chief Financial Official d’UMG « la finalisation de cette acquisition renforce la qualité des opérations en matière de services aux labels, et agrémente la capacité à soutenir les labels et artistes indépendant ».

Pias revendique garder son ADN de label indépendant

Il a d’emblée été confirmé que PIAS resterait une entité « complètement autonome ». Le groupe basé à London et Bruxelles compte 300 collaborateurs, et avec des bureaux dans au moins 16 pays dont la France. Dans une note interne, Kenny Gates a assuré aux équipes qu’il n’y aurait pas d’autres synergies avec les autres entités d’Universal Music, à savoir les labels. Les deux co-fondateurs ont insisté sur le fait que cette décision de vendre leurs parts était la leur, et qu’ils n’y ont pas été contraints. « Nous avons nos parts, pas nos âmes. Alors que par le passé nous avons vu des entreprises rachetées par des groupes, et perdre leur identité et leur culture, nous pouvons vous assurer que cela ne nous arrivera pas » indique entre autres la note interne. Kenny Gates a d’ailleurs signé un contrat « sur le long terme » pour rester le CEO et rejoindre le board de Virgin Music Group.

« Depuis l’accord stratégique avec UMG en 2021, nous avons trouvé en eux des partenaires engagés, ils nous ont soutenus et ont apporté une réelle valeur ajoutée à notre offre. Notre décision à Michel et moi de céder les parts restantes est pragmatique, et nous permettra d’offrir une distribution effectivement internationale et une palette de services aux indépendants. Rien ne changera sur le plan culturel et commercial pour nos clients et partenaires, nous aurons les mêmes valeurs que celles depuis notre lancement il y a 40 ans » explique Kenny Gates dans le communiqué d’Universal Music.

Michel Lamblot, l’autre co-fondateur a fait part de sa confiance et son enthousiasme, considérant que « cette nouvelle phase permettra une meilleure collaboration qui s’annonce prometteuse pour PIAS, les équipes, partenaires, et artistes ». Il ne dirigera plus PIAS sur le plan exécutif, mais conservera un rôle de conseil.