L’instabilité politique en France, un contexte pénalisant pour le secteur de la musique

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La France entre dans une période d’incertitudes sur le plan politique en cette rentrée 2025. Le contexte préfigure une instabilité, voire une forme de paralysie, quel que soit le résultat du vote de confiance du 8 septembre à l’égard du gouvernement, et la décision du Président de la République quant à la dissolution de l’Assemblée nationale. Cette nouvelle crise politique pourrait avoir de sérieuses répercussions sur le secteur de la musique en matière réglementaire. Plusieurs dossiers non des moindres pourraient être relégués parmi les priorités.

Structuration, développement et prospérité du secteur de la musique en France sont indissociables d’avancées concrètes en matière réglementaire. Mais au vu du contexte politique actuel et à venir, les réponses et solutions escomptées par les acteurs de la filière s’avèrent encore plus incertaines. Rachida Dati a régulièrement réaffirmé l’engagement du gouvernement et sa mobilisation personnelle pour soutenir le secteur de la musique made in France.

Néanmoins, si les députés désavouent effectivement le gouvernement le 8 septembre, une nouvelle personnalité devrait être nommée ministre de la Culture. Rachida Dati s’apprête à se lancer dans la campagne pour la Mairie de Paris, dont l’élection a lieu le 15 mars 2026, ce qui implique qu’elle quitte le gouvernement prochainement. Et son renvoi devant le tribunal correctionnel pour corruption et traffic d’influence (affaire Renault-Nissan) est une raison de plus pour qu’Emmanuel Macron renonce à la renouveler.

Des dossiers en suspens en matière réglementaire

La nomination d’un nouveau ou d’une nouvelle ministre de la Culture pourrait être un bond en arrière pour la filière de la musique sur le plan politique, qui était parvenue à sensibiliser le gouvernement actuel sur plusieurs dossiers. Rachida Dati a récemment entrepris des avancées à divers niveaux: sur la réglementation des niveaux sonores en festivals, la création d’un droit voisin pour les producteurs live au titre de la captation audiovisuelle, ou encore le soutien aux festivals. Diverses mesures sont prévues pour être annoncées dans les semaines et mois à venir.

Reste à savoir quelle serait la mobilisation de la prochaine personnalité nommée ministre de la Culture à l’égard du secteur de la musique. Et si les dossiers urgents actuels seraient repris avec des niveaux d’intérêt et de priorité identiques, voire supérieurs, notamment en plus de ceux précités la régulation de l’intelligence artificielle au niveau européen, le plafond de la taxe sur la billetterie ou encore la taxe streaming, deux sources de financement du Centre national de la musique. Rima Abdul Malak, qui avait précédé Rachida Dati, était partie sur une réussite avec la création de la taxe streaming.

D’un point de vue global, rares sont les ministres de la Culture de ces dix dernières années à s’être particulièrement investis pour la structuration et le soutien à la filière musicale, et pouvant faire valoir un bilan indéniablement positif. Les ministres de la Culture ont plutôt eu en commun leur manque d’engagement récurrent à l’égard du secteur et des acteurs de la musique. Et pour le moment, rien ne présage que cette tendance s’inverse d’ici à l’élection présidentielle de 2027, étant donné l’instabilité voire la paralysie qui s’annoncent et qui devraient durer. D’autant que l’instabilité politique serait renforcée en cas de dissolution de l’Assemblée nationale, qui présage un chamboulement.

Jason Moreau, Executive Editor, MUSICBIZ

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