La France Music Week a démarré lundi 16 juin au Ministère de la Culture, en présence de nombreux dirigeants, professionnels et représentants des acteurs de la filière. L’occasion pour la ministre de la Culture Rachida Dati de défendre son bilan, tout en valorisant et en martelant l’engagement du Gouvernement pour favoriser le développement des entreprises et des artistes.

Jamais, au moins au cours des vingt dernières années, un Gouvernement n’a autant soutenu et défendu le secteur de la musique, sur le plan financier, réglementaire et économique. Le Président de la République ne manquera pas de le dire de lui-même ce vendredi 20 juin depuis l’Élysée, lors de son intervention en clôture du France Music Week Summit, devant une centaine de décideurs et leaders de l’industrie de la musique. Le message envoyé par Emmanuel Macron a été passé dès l’inauguration de la France Music Week par Rachida Dati. La ministre de la Culture a comme attendu balayé les grands axes de l’intervention de l’État en matière de politique publique de la musique, et insisté sur le caractère exceptionnel de la France Music Week.
Pleine reconnaissance de la contribution à l’économie du secteur
Le soutien du Gouvernement pour le secteur de la musique est de prime abord une marque de reconnaissance de sa prééminence, tant en matière de contribution à l’économie que de rayonnement à l’international pour la France, la langue et la culture. “La musique c’est l’une de nos grandes marques françaises à l’international. Nos festivals, nos salles de musiques actuelles, nos producteurs, l’ensemble des professionnels de la filière et bien sûr nos artistes : le monde nous envie cet écosystème qui fait notre exception culturelle“ a déclaré Rachida Dati en introduction de son discours. La ministre a dans la foulée insisté sur l’importance du secteur dans l’économie: “La musique, c’est 2,8 milliards d’euros de valeur ajoutée en France en 2024, soit 1 milliard de plus qu’en 2019. C’est un chiffre d’affaires dont 30 % est lié à l’export, soit autant que le secteur de l’habillement“.
Durant les mandats de François Hollande et Nicolas Sarkozy, les politiques des gouvernements respectifs pour le secteur de la musique étaient surtout justifiées par une volonté de soutien et d’aide. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, les ministres de la Culture qui se sont succédés ont progressivement justifié l’engagement du Gouvernement dans une démarche d’impulser le développement du secteur, en reconnaissant “en même temps“ sa contribution importante à l’économie, désormais indéniable.
C’est sur cette base que le Gouvernement actuel martèle son engagement pour favoriser le secteur sur les plans budgétaire, économique, réglementaire. Et la création de la France Music Week a notamment pour objectif de l’affirmer par les mots et les annonces, de le rappeler par le bilan de la politique engagée depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron, le démontrer avec un évènement d’envergure internationale associant les acteurs du music business autant que les français. L’évènement, qui est une première, s’avère être autant le symbole que le point d’orgue du soutien du Président de la République et de l’engagement du Gouvernement en faveur du secteur de la musique.
Un plan de financement de 500 millions d’euros
Sur le plan budgétaire, le secteur a effectivement été favorisé par le Gouvernement et le Parlement lors des derniers Projets de Loi de Finances, avec un budget du Centre national de la musique sanctuarisé, une nouvelle source de financement de l’établissement avec la taxe streaming, des crédits d’impôts pérennisés, et des plans de financement déployés pour le secteur du live comme de la musique enregistrée.
“Le soutien à la musique, c’est aussi le soutien à nos festivals qui la font vivre chaque été. La politique en faveur des festivals, c’est 32 millions d’euros en 2025“ a souligné Rachida Dati, après avoir fait référence à un “combat budgétaire“ et insisté sur le fait de s’être “battue, en 2024 comme en 2025, pour qu’aucun euro ne manque à la création dans les territoires“.
En matière d’économie, des plans de financement ont récemment été annoncés pour inciter et accompagner les investissements des entreprises, dans un environnement en mutation constante et toujours plus concurrentiel. La principale annonce du discours de la ministre porte d’ailleurs sur la mise à disposition d’une enveloppe allant jusqu’à 500 millions d’euros d’ici 2030 pour les entreprises du secteur de la musique, par l’intermédiaire de la Banque Publique d’Investissement (BPI).
Concrètement, il s’agit de soutenir les entreprises avec des prêts, des fonds propres ou encore des garanties. Les dispositifs mis en place seront axés sur l’innovation, l’accélération, ou encore l’export. “Ce n’est pas simplement un chiffre. C’est une ambition. C’est un plan de financement massif. C’est le choix politique de faire de la musique une filière d’excellence, pleinement reconnue comme une industrie culturelle et créative stratégique“ défend la ministre de la Culture.
Les risques et menaces en matière réglementaire
De nombreux sujets majeurs pour la “filière musicale“ se jouent sur le terrain réglementaire, notamment au niveau européen. Et à ce niveau les victoires sont moindres, et les risques plus nombreux. Rachida Dati a tout même tenté de rassurer les acteurs lors de sa prise de parole en se disant optimiste sur les avancées. Sans toutefois être en mesure de mettre en avant des résultats tangibles.
Sur le règlement relatif à l’intelligence artificielle (AI Act), la ministre a évoqué les velléités de report de l’application du texte de certains pays, notamment par certains pays et d’ailleurs en réflexion au sein de la Commission Européenne. “Je veux être très claire : une telle décision serait vécue comme une véritable trahison par les acteurs de la culture. La mise en œuvre de ce règlement doit être rapide, car indispensable pour garantir à la fois le respect du droit d’auteur et la juste rémunération des créateurs. Je resterai ferme sur ce sujet“ martèle Rachida Dati.
Concernant le gel d’une partie des droits voisins irrépartissables, à savoir ceux non reversés aux artistes extérieurs à l’Espace Économique Européen, suite à une jurisprudence de septembre 2020 (arrêt RAAP de la Cour de Justice de l’Union Européenne), aucune avancée n’a visiblement eu lieu. “Soyez certains que je n’oublie pas les conséquences de l’arrêt RAAP. Les échanges se poursuivent tant avec la Commission où je me suis rendu le mois dernier qu’avec mes homologues européens que j’ai encore reçu la semaine dernière à Paris. Je souhaite que ces échanges multipliés aboutissent rapidement à une solution concrète. Je pense que ça avance bien“ défend la ministre de la Culture.
Une déclaration qui marque à tout le moins une légère progression par rapport au discours prononcé en 2024 devant les professionnels au Printemps de Bourges. Mais le chemin est encore long pour que les intérêts du secteur européen de la musique l’emportent au niveau réglementaire. Une série de challenges qui rendent d’autant plus précieux l’engagement et le soutien du Gouvernement pour le secteur de la musique made in France.