Centre national de la musique : ce que révèle et présage la baisse de 7 M€ de la subvention du ministère de la Culture en 2026

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L’orientation prise par le Gouvernement et surtout par les hauts fonctionnaires du ministère de l’Économie et des Finances l’an dernier se confirme avec le Projet de Loi de Finances 2026, comme annoncé par MUSICBIZ dès octobre 2024. Après une première baisse d’1.3 million d’euros de la dotation du Centre national de la musique dans le PLF 2025, une baisse de 7 millions d’euros se profile, d’après le budget prévisionnel proposé par le Gouvernement qui devra être validé par les parlementaires. Deux messages sont envoyés aux acteurs de la filière. Le secteur de la musique doit contribuer au rééquilibrage des finances publiques, comme les autres secteurs de l’économie. Et le Centre national de la musique devra développer de nouvelles sources de financement et les sources actuelles, pour assurer ses missions comme pour avoir davantage de moyens de fonctionnement.

La dotation du Centre national de la musique passera de 27 à 20 millions d’euros en 2026, soit une réduction de 34%. Sauf, bien sûr, si les parlementaires s’accordent finalement sur un maintien voire une augmentation. Ironie des chiffres, 7 millions d’euros, c’est également le montant du coût de la France Music Week qui a eu lieu du 16 au 21 juin avec pour objectif revendiqué de “replacer France sur la carte de la musique mondiale“, comme révélé par MUSICBIZ. La ministre de la Culture a confirmé que cet arbitrage avait été décidé “au titre de la contribution du ministère de la Culture à la réduction du déficit public“, lors d’un discours à l’occasion du MaMA le 16 octobre, évènement dédié aux professionnels du secteur à Paris. “Vous pouvez compter sur moi pour mettre toute mon énergie à convaincre et susciter l’adhésion des parlementaires à nos objectifs communs. Vous le savez ce sont eux qui auront le dernier mot sur l’ampleur de cette diminution et son impact potentiel sur le CNM“ a déclaré Rachida Dati, quelques jours après sa nouvelle nomination au sein du Gouvernement de Sébastien Lecornu.

Répercussions et alternatives

Versée au Centre national de la musique depuis sa création en 2020, la subvention de l’État permet d’en financer les frais de fonctionnement. Il s’agissait notamment de le doter d’un fonctionnement optimal dès sa mise en place. Et en même temps, d’assurer une équité entre les secteurs de la musique enregistrée et de la musique live, le financement des frais de fonctionnement (rémunération des personnels, charges, dépenses…) ne pouvant être couvert uniquement par la taxe sur la billetterie payée par les producteurs live, première source de financement du CNM, la taxe streaming qui concrétise la participation des plateformes ayant été créée en 2024. Les missions de l’établissement sous tutelle du ministère de la Culture, dont les aides financières, sont financées notamment par la taxe sur la billetterie et la taxe streaming.

La baisse de 7 millions d’euros du budget de fonctionnement du CNM aura des répercussions certaines sur les moyens de “la maison commune de la musique“, si elle était approuvée par les parlementaires. Reste à savoir sur quels segments les économies seront décidées par le comité de direction, et demandées voire imposées par le ministère de la Culture. En parallèle, à l’approche de sa 7ème année d’existence, le Centre national de la musique est mis à l’épreuve par les hauts fonctionnaires et par le Gouvernement de développer de nouvelles sources de financement et d’accroître celles en place. En d’autres termes, il est demandé au comité de direction du CNM de trouver des alternatives pour contribuer à financer ses ambitions, et accompagner le secteur, les entreprises, et les professionnels de la musique avec efficience et sobriété.

Relèvement du plafond des taxes billetterie et streaming

La réduction de la subvention du Centre national de la musique est néanmoins compensée d’une annonce relativement positive pour le secteur et les entreprises. Les plafonds de la taxe sur la billetterie (50 M€) et de la taxe streaming (18 M€) sont relevés de 8 millions d’euros, 5 millions pour la première et 3 millions pour la seconde. Le budget 2025 prévoyait un rendement de 55 millions d’euros en 2026 pour la taxe sur la billetterie, et de 10 millions pour la taxe streaming.

La ministre de la Culture a qualifié de “substantiels“ ces réhaussements, bien qu’ils soient très loin des attentes. “Ils sont susceptibles d’être insuffisants à long terme, mais ils permettront à court terme d’éviter un écrêtement des plafonds l’année prochaine“ a plaidé Rachida Dati devant les représentants des professionnels. Certains acteurs de la filière sollicitaient un relèvement de 50 à 70 millions d’euros pour la taxe sur la billetterie. Une demande qui fera logiquement son retour dans les discussions relatives au budget, à l’initiative de certains parlementaires comme par la voie du lobbying du secteur du live, bien qu’elle avait été rejetée l’an dernier.

Jason Moreau, Executive Editor, MUSICBIZ

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