La filière musicale sollicite un soutien financier et politique calibré pour les défis de 2024

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Le contexte évolue, mais les grands enjeux restent constants pour le secteur de la musique. La croissance des revenus pour les entreprises, le développement des carrières pour les artistes. La préservation des modèles économiques, la sanctuarisation de la création, face à l’innovation, aux changements de réglementation, de politiques. Les principales demandes et attentes des acteurs de la filière poursuivent l’objectif de faire face aux défis et risques qui vont rythmer leur année.

La filière musicale démarre l’année réunifiée. Les acteurs de la filière se sont accordés pour la défense et la promotion de leurs intérêts mutuels et respectifs auprès des décideurs politiques.
Une stratégie classique en période de renouvellement du gouvernement, de campagne électorale, et renforcée par la tenue des Jeux Olympiques.

Les priorités des acteurs ont été déclinées à l’égard de la ministre de la Culture lors d’une rencontre informelle juste avant les Victoires de la musique. Une “occasion de parler d’une seule voix, malgré les divergences profondes qui ont traversé le secteur”, d’après le Président de la fédération Tous Pour La Musique.

Leurs préoccupations sont toutefois exacerbées par un contexte économique volatile et incertain.

Intégration du streaming dans le pass culture

Dans le secteur de la musique enregistrée, la croissance du streaming est certes confortée par la progression de la consommation sur les plateformes.

Néanmoins, l’augmentation des souscriptions aux abonnements premium ne s’opère pas au rythme escompté. “Le taux de pénétration de l’abonnement demeure particulièrement bas, à un niveau très inférieur à celui des autres grands marchés de la musique” a concédé le Président de l’association TPLM, Jean-Christophe Bourgeois, durant sa prise de parole.


Le soutien des plateformes de streaming est donc plébiscité pour optimiser leur développement. Dans cette optique, l’intégration “sans délai” des abonnements aux plateformes de streaming au sein du pass culture est sollicitée.

Le pass culture est considéré comme un “outil d’incitation aux pratiques culturelles du jeune public” qui “ne doit plus tourner le dos à la musique enregistrée”.
Les dirigeants des labels et des plateformes appuient notamment cette demande sur le fait que leurs entreprises soient assujetties à une TVA à taux plein, et non à taux réduit à l’instar des entreprises du live.

Des discussions ont d’ailleurs été engagées entre la direction du Centre national de la musique et les dirigeants des plateformes de streaming, avec l’objectif de soutenir leur développement.

Indemnisation pour les pertes provoquées par les JO

Dans le secteur du live, les producteurs de concerts, organisateurs de festivals et exploitants de salles redoutent que les Jeux Olympiques n’occasionnent un manque à gagner et une baisse de fréquentation.
Une première estimation fait état de 150 millions d’euros de pertes de recettes de billetterie.

Les risques ne sont effectivement pas des moindres. Pour cause, Jean-Christophe Bourgeois a mentionné “la non-programmation ou la délocalisation de concerts du fait de l’indisponibilité des grands équipements, les festivals annulés, réduits, décalés ou délocalisés, et les contraintes imposées aux salles de spectacles”.

Une indemnisation est ainsi demandée pour compenser les pertes de recettes engendrées (billetterie, sponsoring).

“Nous serons vigilants à ce que les lieux et festivals impactés soient indemnisés pour ne pas se retrouver en difficulté. Il est crucial que ces Jeux soient une opportunité et non un risque mettant en jeu l’existence même de ces acteurs” a souligné le Président de Tous Pour La Musique, en présence de la ministre de la Culture Rachida Dati.

Conforter la diffusion de la musique et la rémunération pour copie privée

Cette année est source d’opportunités et pleine d’enjeux pour le secteur de la musique. L’arrivée de la nouvelle ministre de la Culture ne sera pas sans incidence sur le plan politique.

L’engagement de Rachida Dati et plus globalement du gouvernement sont attendus par les acteurs de l’industrie de la musique.

Au niveau national d’abord, avec pour finalité de maintenir voire de renforcer l’exposition de la musique dans les médias radio et TV, et de conforter la redevance pour copie privée.

Les organismes respectivement chargés des droits des producteurs, des créateurs, des artistes-interprètes, sont évidemment soucieux d’une politique et d’une réglementation favorables à leurs sources de revenus.

TPLM a par la voix de Jean-Christophe Bourgeois insisté sur la nécessité de ”renforcer la place de la musique dans les futures obligations des chaînes, dans le cadre du renouvellement en 2025 des fréquences de W9, NRJ12, CStar”.

Le Président de l’association fédérant la filière musicale a ajouté que “le rayonnement de la création ne pourra se concrétiser sans une pérennisation de la rémunération pour copie privée, un levier majeur de promotion de l’émergence, la diversité, la diffusion des œuvres en tous lieux”.

Évolution de la réglementation européenne (intelligence artificielle, arrêt RAAP)

L’appui de la ministre de la Culture est également plébiscité au niveau européen, avec l’évolution du cadre réglementaire, notamment celui afférent à l’intelligence artificielle.
“Nous devons veiller à ce que la technologie enrichisse notre culture sans compromettre la valeur des créations humaines ni remettre en cause leur modèle de rémunération” a rappelé le Président de TPLM.

Autre préoccupation non des moindres de la filière musicale, l’impact de la jurisprudence avec l’arrêt RAAP rendu par la CJUE en 2020, relatif au droit à rémunération des ayants droit hors de l’Union Européenne pour la diffusion de leur musique.

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