Le Centre national de la musique entame sa montée en puissance

4
minutes

La phase de lancement du Centre national de la musique laisse maintenant place à celle de la montée en puissance. L’intégration de quatre organisations de filière (Bureau Export, FCM, IRMA, CALIF) est une étape charnière. Soutenir la création, favoriser le développement de l’économie, des projets et des structures, préserver la diversité, optimiser les dispositifs structurants. Autant de missions et d’objectifs dont les enjeux sont décuplés par une crise qui bouscule l’économie, l’écosystème.

La filière de la musique poursuit sa mue en véritable industrie culturelle. Dans la foulée de la nomination du Conseil professionnel en août dernier, l’intégration des missions, compétences et équipes du Bureau Export, du Fonds pour la création musicale (FCM), du CALIF (disquaires indépendants) et de l’IRMA complète la constitution de l’établissement. Le Centre national de la musique combine ainsi un large panel de missions allant de la création à l’innovation, de la formation à la diversité, des territoires à l’international. Une mise à niveau indispensable à la construction d’une politique ambitieuse pour le secteur, et d’une stratégie efficiente pour son développement. L’établissement public est amené à croître en termes de moyens financiers et humains pour mettre en œuvre des dispositifs d’accompagnement et de soutien harmonisés pour les projets, les créateurs, les structures, les professionnels. Autant d’avancées qui, selon le Président du CNM Jean-Philippe Thiellay, entérinent « la prise de conscience par les pouvoirs publics du poids économique de la musique et des problématiques communes ».

Converger en tous points avec l’ambition et les missions conférées par le Gouvernement, le Parlement et les professionnels est une exigence permanente du CNM, qui se traduit dans l’organisation comme la feuille de route. L’intervention et l’activité de l’établissement s’organisent en cinq pôles (soutien ; études et prospective ; développement et communication ; systèmes d’informations ; secrétariat général) auxquels s’ajoutent plusieurs missions transversales (Europe, égalité H/F, collectivités territoriales, éducation artistique) devant permettre au CNM de prolonger son action à divers niveaux.

Indépendance budgétaire

La montée en puissance du CNM est indissociable de la question du financement. Les sources de financement privées sont limitées. La taxe sur les billets de spectacles (32,8 M€ en 2018) aura rapporté moins de 10 millions d’euros en 2020 en raison de l’annulation des concerts et festivals. Le PLF 2021 prévoit l’annulation de son règlement pour la période allant de mars à décembre 2020. Et la perception de la taxe en 2021 à un niveau d’avant-crise va de pair avec une reprise et une relance qui dépendent du contexte sanitaire et économique. Les financements privés attribués au Bureau Export, au FCM, au CALIF et à l’IRMA s’ajouteront au budget du CNM une fois le modèle des organismes de gestion collective rééquilibré, suite à l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne sur les irrépartissables. Tout au long de la crise sanitaire et économique qui a rythmé l’année, les annonces du Gouvernement et dotations budgétaires associées ont permis de sécuriser et de décupler l’intervention du Centre national de la musique, qui a soutenu le secteur pour plus de 82 millions d’euros entre janvier et novembre. L’action de l’établissement sera encore renforcée en 2021 avec un budget autour de 200 millions d’euros, obtenu dans le cadre du plan de relance. La montée en puissance du CNM en 2020 et en 2021 pourrait mener à un rythme de croisière. A condition de sources de financement extra-sectorielles pour rendre le secteur moins dépendant des batailles budgétaires, et de l’engagement de l’État selon les crises, urgences et priorités.

Partager cet article